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De la vulnérabilité au soin : quelle éthique pour le monde de demain ?

Une actualité de Charline
Publié le 19/04/2024
Une transformation politique radicale pour maintenir, perpétuer, réparer notre monde afin que nous puissions y vivre du mieux que possible
“La femme de Heinz est très malade. Elle peut mourir d’un instant à l’autre si elle ne prend pas un médicament X. Celui-ci est hors de prix et Heinz ne peut le payer. Il se rend néanmoins chez le pharmacien et lui demande le médicament, ne fût-ce qu’à crédit. Le pharmacien refuse. Que devrait faire Heinz ? Laisser mourir sa femme ou voler le médicament ?”

C’est à partir de ce dilemme moral que la psychologue Carol Gilligan publie, en 1982, un essai de philosophie devenu aujourd’hui le texte majeur de la deuxième vague féministe américaine : Une voix différente - Pour une éthique du care. Au problème de Heinz, les réponses données par les enfants marquaient une différence genrée dans la résolution du dilemme : les réponses apportées par les petites filles reposait davantage sur le sens de la responsabilité, le souci et l’attention à l’autre - que celle des petits garçons qui se basait sur le sens immédiat de la justice. Peut-on pour autant parler d’une moralité proprement féminine ? C’est toute l’histoire de la philosophie du care, que Carol Gilligan décide de revisiter 40 ans après dans Une voix humaine, l’éthique du care revisitée. A rebours des thèses essentialistes, contestées dès 1990 par la grande Joan Tronto, elle tente ainsi de rendre compte des avancées de la recherche sur cette voix éthique, sociologique et féministe.

Réhabilité dans le champs français par Sandra Laugier, Patricia Paperman, Fabienne Brugère et Pascale Molinier, difficilement traduisible dans sa complexité politique, sauf par les notions de “sollicitude” et de “soin”, le care est un paradigme."Une activité caractéristique de l'espèce humaine qui inclut tout ce que nous faisons en vue de maintenir, de continuer ou de réparer notre "monde" de telle sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde inclut nos corps, nos individualités et notre environnement, que nous cherchons à tisser ensemble dans un maillage complexe qui soutient la vie" (Sandra Laugier). Souci de soi, souci des autres, souci du monde : "l’éthique du soin" ne désigne pas plus un concept que l'expérience de nos vulnérabilités communes, de notre interdépendance, et de la profonde responsabilité qui nous lie. Des valeurs morales de soin, d'attention à autrui et de sollicitude qui sont structurellement, socialement et culturellement distribuées : des soignant-es à la sphère affective et domestique, jusque dans l'attention au vivant et aux générations futures. Une "politique de l'ordinaire" qui réhabilite la fragilité et le prendre soin au cœur du lien social, politique et affectif.

40 ans après : "Une voix humaine, l'éthique du care revisitée" de Carol Gilligan

L'éthique du soin

PHILOSOPHIE : ÉTHIQUE, VULNÉRABILITÉ, ALTÉRITÉ

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